Se battre comme une fille ? Les batailles les plus difficiles au Cameroun sont menées par les femmes et les filles - une interview avec la députée camerounaise
Pour le sixième article de cette série "CSPPS réaction coordonnée pour soutenir l’action locale pendant le COVID-19 ", le secrétariat de la CSPPS eu une conversation précieuse avec Fidèle Djebba, présidente de l'Association Rayons de Soleil, et membre de la CSPPS au Cameroun. Au fil de notre conversation, l'omniprésence de l'inégalité entre les sexes au sein de la société camerounaise est devenue cruellement apparente, ainsi que la manière dont le COVID-19 amplifie l'écart entre les femmes et les hommes.
Le Cameroun, tout comme tous les pays dont il est question dans cette série, est confronté à de nombreuses menaces pour sa stabilité nationale et son développement durable, notamment en termes de paix et de conflit. Et malgré les preuves de la contribution essentielle des femmes aux processus de paix dans le passé, les femmes restent gravement sous-représentées à la table des négociations. Selon les recherches, la participation des femmes au processus de paix rend un accord de paix 64% moins susceptible d'échouer. En outre, lorsque les femmes sont incluses dans le processus de paix, l'accord qui en résulte a 35 % plus de chances de durer au moins 15 ans. Pourtant, entre 1992 et 2018, les femmes ne représentaient que 3 % des médiateurs, 4 % des signataires et 13 % des négociateurs dans les principaux processus de paix.
La crise du COVID-19, qui empêche des familles entières de gagner leur paie quotidien dans le secteur informel, amplifie leur désespoir. Djebba explique que plus de 70 % de la population dépend des revenus quotidiens du secteur informel pour subsister. La situation actuelle suscite la peur au sein de la communauté, d'autant plus que les femmes et les jeunes filles peuvent être recrutées, enlevées ou forcées à se prostituer, soit par leur famille, soit par désespoir.
« Si les femmes et les filles n'étaient pas déjà suffisamment vulnérables, le COVID-19 aggrave la situation. Et nous, à l'Association Rayons de Soleil, nous craignons que tous les progrès réalisés jusqu'à présent par les organisations de la société civile ainsi que par le gouvernement ne soient perdus à cause de cela. L'impact sera à long terme. Et nous devons anticiper ces effets à long terme. »
L'inégalité entre les sexes au Cameroun n'entraîne donc pas seulement des problèmes concernant la position des femmes et des filles dans la société ou la sphère domestique, ou en termes de violence sexiste due au conflit en cours. L'exclusion des femmes aux postes de décision affecte également les perspectives de paix pour l'ensemble du pays.
Lisez ici le sixième article "Se battre comme une fille ? Les batailles les plus dures au Cameroun sont menées par des femmes et des filles" de la série CSPPS Réponse coordonnée pour soutenir l'action locale pendant le COVID-19.