Déclaration de la CSPPS : Une réponse de l'ensemble de la société, sensible aux conflits, au COVID-19
Alors que la pandémie mondiale continue de faire des ravages dans le monde entier, la CSPPS appelle les acteurs de la réponse à tous les niveaux à aborder le COVID-19 d'une manière inclusive et sensible aux conflits. Nous devons tirer parti de toutes les compétences, entretenir la solidarité dans les moments de lutte commune, éviter d'exacerber les dissensions sociales et éviter de sacrifier les perspectives de paix en nous concentrant uniquement sur la crise à court terme.
En tant qu'êtres humains doués d'empathie, nos pensées vont aux personnes les plus durement touchées par cette crise extraordinaire - les malades, les familles endeuillées, les personnes vulnérables et les laissés-pour-compte qui luttent pour joindre les deux bouts à un moment où l'activité économique s'est brusquement arrêtée. Alors que la CSPPS s'efforce de promouvoir des sociétés pacifiques, justes et inclusives, notre attention est attirée par le fait que, dans certains contextes, cette pandémie exacerbe les facteurs de conflit, alimente l'instabilité et élargit les clivages sociaux. Ce phénomène est particulièrement aigu dans les sociétés déjà fragiles, où la précarité et l'inégalité sont endémiques et où la gouvernance reste exclusive.
Après avoir interrogé nos nombreux membres, y compris les intervenants de première ligne dans les États fragiles, nous nous sommes sentis préoccupés par certains thèmes récurrents : le poids de cette situation pourrait aggraver les tensions sociales, les personnes déjà vulnérables - notamment les femmes et les jeunes - subissent des conséquences disproportionnées, et la méfiance peut entraver une action efficace. Nous sommes déconcertés par les rapports faisant état de mesures répressives qui restreignent l'espace civique, prises ostensiblement à des fins de protection, ainsi que par les rapports faisant état de perturbations des flux d'aide humanitaire et des mécanismes de gestion des conflits. Trop de nos membres, dont l'expertise de terrain et les liens communautaires sont essentiels dans cette lutte, font état d'un manque de consultation de la part des autorités publiques.
En même temps, nous sommes encouragés par les rapports de coopération. Partout dans le monde, les partenaires de notre réseau font preuve de solidarité et s'efforcent de lutter contre la pandémie et ses effets néfastes. En Afghanistan, l'une de nos organisations membres a collecté et distribué des dons aux familles en difficulté. Au Libéria, en partenariat avec plusieurs organisations de femmes, nos collègues prévoient de distribuer des outils visuels aux personnes analphabètes afin de les sensibiliser aux pics de violence domestique pendant le confinement à domicile. Et de la Guinée-Bissau aux Comores, les organisations de la société civile contribuent à la sensibilisation du public, tout en s'efforçant de demander des comptes aux gouvernements sur leur approche des signes précurseurs de conflit.
En nous appuyant sur l'exemple de nos membres, nous appelons les acteurs de la réponse à tous les niveaux à ne pas redéfinir de manière non critique les priorités en matière de financement et d'efforts au détriment de la consolidation de la paix, et à intégrer une perspective sensible aux conflits dans leurs réponses au COVID-19. Nous devons naviguer attentivement et transcender les cloisonnements conventionnels entre l'action humanitaire, la paix et le développement à plus long terme, car ces trois domaines sont inextricablement liés. Sinon, la paix à long terme risque d'être mise en péril au profit d'une réparation à court terme. Nous appelons également à l'inclusion du plus grand nombre possible d'acteurs dans la planification et les activités de réponse, afin de mobiliser des sociétés entières dans la résolution d'un problème d'une ampleur sans précédent.
Nous vivons une époque où l'on ne peut se permettre de tergiverser - une direction et une initiative décisives et visionnaires, qui rassemblent largement et stimulent l'action commune, sont indispensables. La CSPPS n'en demande pas moins aux titulaires d'une charge publique, aux décideurs de la communauté de l'aide internationale et à nos partenaires dans les dialogues multipartites. Nous devons mettre de côté nos différences et faire front commun contre le COVID-19. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a su trouver le ton juste et répondre aux besoins du moment en appelant à un cessez-le-feu mondial - soyons tous aussi audacieux et tournés vers l'avenir.