Reconstituer les valeurs de la paix

Positive Peace Ethiopia est une organisation de la société civile dirigée par des jeunes et fondée sur un engagement fort en faveur de la paix, de la justice et des droits humains dans l'ensemble de l'Éthiopie. PPE travaille par l'intermédiaire de ses 17 sections régionales en impliquant les jeunes et les femmes dans la construction de la paix, la résolution des conflits et les activités d'intégration sociale.

PPE possède une expérience considérable en matière de mobilisation communautaire et met en œuvre des projets notables tels que #defyhatenow (défier la haine maintenant) Ethiopia, axé sur le discours de haine et la construction de la paix numérique, ainsi que des initiatives d'autonomisation des femmes telles que EmpowerHer. De plus, PPE est un partenaire stratégique du ministère éthiopien de la Paix (MoP) et agit en tant qu'organisation point focale de Civil Society Platform for Peacebuilding and Statebuilding (CSPPS). Ils sont également les seuls représentants Ethiopien d'UNOY (United Network of Young Peacebuilders), un réseau mondial d'organisations dirigées par des jeunes, situé à La Haye.

Positive Peace Ethiopia s'appuie sur l'établissement d'une base solide de paix, de justice et de résilience communautaire. Notre parcours a commencé avec la nécessité de traiter les polarités et les inégalités observées au sein des communautés. PPE a été créé pour permettre aux jeunes et aux femmes, en qui nous croyons fermement, de changer les récits négatifs.

Cet engagement est à la fois personnel et pratique. Nous sommes animés par le sentiment que la jeunesse éthiopienne, si elle est correctement équipée, éduquée et engagée, peut être un instrument de construction de la paix. Le développement de tout programme, l'établissement de tout partenariat et la formation de tout jeune nous rapprochent de notre objectif d'une Éthiopie pacifique et résiliente.

Les défis de la désinformation dans le contexte sociopolitique

L'Éthiopie est un pays d'une extraordinaire diversité, abritant plus de 80 groupes ethniques, chacun ayant son propre patrimoine culturel et ses propres pratiques. La diversité de l'Éthiopie fait sa force, mais elle présente également des défis uniques. Recemment, l'interaction des politiques ethniques a parfois fini par créer des situations difficiles, et le rôle de la désinformation s'est accru au point d'être utilisé pour diviser la population, créer des suspicions et des conflits dans certaines régions. Dans ce contexte, la désinformation n'est pas seulement un défi numérique, elle est devenue une arme menaçante à la paix du pays. 

Le pays évolue actuellement dans un environnement politique complexe caractérisé par des tensions sociales, ethniques et politiques. Ces dernières années, l’Ethiopie a connu des épisodes récurrents de violence, notamment des conflits armés et des différends ethniques, qui ont perturbé la société. La situation est aggravée par la diffusion rapide d' “informations”, souvent très politisées et exagérées, qui attisent les émotions et nourrissent les tensions. En Éthiopie, la désinformation tend à favoriser les soupçons, les polarisations et, dans certains cas, la violence, et constitue donc un problème qui nécessite une intervention urgente.

Le rôle des jeunes et des femmes

D'après les projections démographiques de l'Agence centrale des statistiques d'Éthiopie (CSA) pour 2016, les adolescents et les jeunes âgés de 10 à 29 ans sont au nombre de 38 545 711 (19 466 543 hommes et 19 079 177 femmes). Nous pouvons donc dire que les jeunes et les femmes représentent une part importante de la population et qu'ils sont très prometteurs pour influencer le changement social. Dans de nombreux cas, cependant, ils sont marginalisés dans les sphères politiques et économiques. Les problèmes liés au chômage des jeunes sont endémiques, la qualité de l'éducation laisse à désirer et les opportunités d'emploi sont difficiles à trouver, alors que l'agitation sociale est aggravée par les tensions ethniques. Cette situation entrave toutes les tentatives de croissance et de développement raisonnables des jeunes.

En Éthiopie, les femmes sont confrontées à de graves problèmes, notamment les violences de genre, la sous-représentation dans les processus de paix et la soumission à des normes patriarcales qui les empêchent d'occuper des postes de direction et de résolution des conflits. D'autre part, des obstacles structurels liés à l'accès aux ressources et à un soutien inadéquat à la justice les empêchent d'intervenir dans la construction de la paix et le renforcement des communautés. Ces questions, parmi d'autres, soulignent la raison pour laquelle l'autonomisation des femmes est une partie essentielle de la mission de Positive Peace Ethiopia, car nous nous engageons dans leurs efforts d'intégration en vue d'établir et de développer des sociétés pacifiques. 

Bien que la désinformation touche toutes les couches de la société, ses effets sont plus prononcés dans les populations analphabètes ou qui n'ont pas accès à la vérification de l'information. Cela crée un terrain propice à de nombreuses tendances non constructives, telles que la répétition des mêmes mensonges et le mécontentement, qui contribuent à l'agitation des régions. L'impact de la diffusion de fausses informations peut aller jusqu'à créer des idées fausses sur une situation politique donnée ou sur des groupes ethniques particuliers, menaçant le processus de maintien de la paix aux niveaux régional et national. 

Les jeunes sont au cœur du programme de notre organisation. Ainsi, grâce à des projets tels que la marche pour la paix d'Entoto et les programmes d'ambassadeurs de la paix des universités (UPAP), nous rassemblons des jeunes de différentes régions du pays et veillons à ce qu'ils s'engagent dans des dialogues sur la paix, le développement communautaire et le plaidoyer en faveur de la paix. De cette manière, plutôt que d'engager les jeunes et de promouvoir la paix à tout prix, nous attendons d'eux qu'ils deviennent une génération qui prêchera non seulement la paix, mais surtout la pensée critique et la responsabilité sociale.

La marche pour la paix d'Entoto

Qu'est-ce que la marche pour la paix d'Entoto ? Il s'agit d'un projet mené et pratiqué par les jeunes qui vise à promouvoir la paix par le biais d'une activité physique et de conversations engageantes. Cet événement, qui se déroule dans le magnifique et verdoyant parc d'Entoto, rassemble 35 jeunes volontaires pour une randonnée et des discussions sur les thèmes de la résilience, de la justice sociale et de l'engagement des jeunes dans la construction de la paix. Cet événement encourage la santé, mais aussi les liens physiques, et incite les participants à prendre la responsabilité des efforts de paix au sein de leur société.

Les sections régionales de l'UPAP

Les sections régionales que nous organisons ont pour but d'apporter des changements positifs et des messages de paix dans les 14 régions d'Éthiopie. Par le biais de nos chapitres régionaux, nous avons recruté et sélectionné 17 ambassadeurs de la paix qui servent de personnes de contact et amènent les étudiants et les communautés locales à participer à l'extension régionale de nos activités dans le cadre de notre programme d'ambassadeurs de la paix dans les universités. Ces personnes de référence s'engagent dans un dialogue et un plaidoyer qui vont au-delà du campus, en organisant des clubs de la paix, entre autres activités, pour motiver les jeunes à s'exprimer en faveur de la paix. Le fait d'utiliser des membres du corps enseignant comme point de contact nous permet d'améliorer la durabilité du programme en assurant un leadership cohérent, même si les populations étudiantes évoluent. Cette approche répond à notre objectif de créer et de maintenir des militants pour la paix et des communautés résilientes dans toute l'Éthiopie.

Nos programmes actuels

Les activités actuelles de Positive Peace Ethiopia sont axées sur la réponse à la menace croissante de la désinformation, intégrée dans la recherche de la résolution de conflits et de la cohésion sociale en Ethiopie. La lutte contre ces défis est l'un de nos objectifs fondamentaux. Nous cherchons à doter les participants de compétences critiques pour les aider à atteindre cet objectif, par le biais d'un projet financé par l'UE que nous mettons actuellement en œuvre avec une organisation partenaire. Le projet comprend une bourse de vérification des faits et des espaces de sécurité en ligne pour les femmes, entre autres sous-programmes.

Le Fact-Checking Fellowship est une initiative conçue en trois mois - visant à initier les Éthiopiens aux compétences d'identification, de vérification et de réfutation des fausses informations. Les stagiaires suivent une formation approfondie sur les outils et les stratégies de vérification des faits, ce qui les aide à devenir des praticiens exceptionnels pour repérer les fausses informations dans les médias actuels très répandus. Les diplômés du programme se sont engagés auprès des membres de leur communauté et leur ont inculqué le concept d'éducation aux médias, ainsi que la lutte contre la désinformation. Nos quinze anciens élèves se sont révélés être des vérificateurs de faits efficaces après avoir suivi le cours de trois mois qui couvrait les compétences clés en matière d'identification, de vérification et de démystification de la désinformation. Tout au long du programme, ils ont été soumis à différentes affirmations pour tester leurs compétences en matière de vérification des faits et d’utilisation d’outils de vérification factuelle, prouvant ainsi qu'ils sont prêts à appliquer ces compétences dans leurs communautés et à guider d'autres personnes à la lecture médiatique. Ils ont déjà commencé à étendre leur impact en enseignant aux communautés de base les leçons qu'ils ont acquises lors des réunions locales, en formant des personnes à l'éducation aux médias et en créant des clubs d'éducation aux médias et à l'information (EMI) dans les écoles secondaires pour aider à déployer le programme dans les communautés où ils vivent.

Désinformation et ‘mal-information’ dans le secteur des affaires : Outre nos projets actuels, nous avons récemment organisé, en partenariat avec le CIPE, un atelier d'une journée sur la désinformation et ses effets sur le secteur des entreprises en Éthiopie, un sujet relativement négligé dans la promotion de la culture numérique et des effets de la désinformation. Cet atelier a permis aux participants de parler de la menace que représente la désinformation pour l'intégrité des entreprises et la confiance des consommateurs, ainsi que de la manière dont elle peut affecter l'économie et les stratégies d'atténuation. Les thèmes abordés lors de l'atelier ont, dans une certaine mesure, orienté notre réflexion sur la possibilité de mener davantage d'interventions dans ce domaine.

L'initiative « Women's Online Safe Spaces » vise à aider les femmes de toute l'Éthiopie à s'informer et à échanger des idées sur des questions importantes, sans crainte, dans trois domaines pertinents :

Maîtrise des médias et de l'information (identifier et traiter la désinformation et comprendre le rôle de médias sains dans la société), Cybersécurité et sécurité en ligne (assurer la sécurité des femmes dans le cyberespace), et Violence basée sur le genre et santé mentale (aborder les questions de désinformation numérique concernant la violence basée sur le genre, la guérison des traumatismes et la résilience après un conflit). Ce programme transmet aux participants des informations et une assistance importantes qui leur permettent d'utiliser l'internet sans crainte et de lutter pour leurs droits. Cette autonomisation a un effet d'entraînement puisque la plupart d'entre eux enseignent à d'autres personnes au sein de leur foyer et de leur communauté.

Les objectifs d'apprentissage dans chaque domaine thématique visaient différents groupes de femmes et ont permis des sessions d'apprentissage fréquentes, actives et sûres. À la fin du programme de trois mois, nous avons organisé une séance de réflexion en personne pour tous les participants. Tous les groupes ont partagé leurs expériences et ont appris des expériences des autres. Les participants ont présenté des plans d'action dans lesquels ils expliquaient comment ils allaient appliquer les connaissances acquises pour le bien de leurs propres communautés, en veillant à ce que la couverture du programme ne s'arrête pas à la première cohorte seulement. 

C'est pourquoi, grâce à ces activités, PPE s'attaque déjà à la désinformation de plusieurs manières, en aidant et en équipant les gens pour qu'ils pensent de manière critique et deviennent des leaders conscients, capables de contenir les informations nuisibles et de contribuer à une Éthiopie plus pacifique.

Programme EmpowerHer

Outre le spectre de la désinformation, le programme EmpowerHer visait à transformer l'environnement commercial des femmes entrepreneurs en leur fournissant les compétences, les connaissances et les ressources appropriées, y compris les ressources numériques. En partenariat avec le Centre pour les entreprises privées internationales (CIPE), nous avons dispensé une formation sur le commerce électronique, le marketing numérique et la gestion d'entreprise à 30 femmes entrepreneurs d'Addis-Abeba et de ses environs, y compris des femmes issues de la communauté des personnes handicapées. Outre des ateliers animés par des experts, le programme a fourni un mentorat qui a aidé les femmes à développer leurs entreprises, mais a également inclus des éléments de consolidation de la paix, afin d'assurer une reconstruction économique et sociale à long terme. Grâce à cette aide, nous nous engageons à favoriser l'autonomisation des femmes, à renforcer les communautés et à contribuer à la transformation positive de la société à l'ère numérique.

Un engagement à plusieurs niveaux

Afin de soutenir et d'intensifier notre travail de consolidation de la paix à long terme, nous travaillons principalement avec différentes parties prenantes en fonction de leur niveau d'intervention :

Leaders communautaires : Nous travaillons avec des membres prometteurs de la communauté pour aider à rallier le soutien aux initiatives menées par les jeunes et les femmes, en veillant à ce que la sensibilisation à la paix et l'utilisation de l'espace numérique se fassent au niveau de la base.

Établissements d'enseignement : Les écoles et les universités sont des alliés importants dans la formation et l'information de la future génération. Nous avons créé 17 sections régionales en sélectionnant des personnes de référence dans les universités publiques de toutes les régions du pays. Actuellement, nous nous efforçons d'impliquer davantage d'écoles afin d'amplifier les voix de la paix et d'étendre notre travail aux écoles secondaires.

Gouvernement et décideurs politiques : Nous visons à impliquer les législateurs dans l'élaboration de cadres législatifs qui se concentreront davantage sur les initiatives pour la jeunesse, les compétences numériques et la lutte contre les « fake news » (fausses nouvelles).

Organisations internationales : Le partenariat avec des acteurs locaux, ainsi qu'avec des organisations étrangères partageant les mêmes idées, présente des avantages en termes de ressources nécessaires, d'exposition et de soutien pour la croissance de nos initiatives.

Défis rencontrés et comment nous les avons relevés

Un financement constant est resté une tâche ardue pour nous. En tant qu'organisation de la société civile (OSC) de base dirigée par des jeunes, les agences donatrices ne sont souvent pas en mesure de garantir notre capacité à mener des projets, ce qui menace notre continuité. Pour résoudre ce problème, nous avons commencé à nous engager auprès d'organisations internationales non gouvernementales (OING) bien établies et à travailler ensemble sur des projets en signe de bonne foi. En outre, l'environnement complexe des lois et des règlements a posé des problèmes. À cette fin, nous avons mis en place une collaboration innovante avec le ministère de la paix, qui nous a permis de travailler avec des conseillers techniques qui nous ont aidés à mettre en œuvre nos activités et à respecter les normes réglementaires.

Message à la communauté internationale

À la communauté internationale, nous soulignons la nécessité d'un soutien continu aux efforts de consolidation de la paix menés par les jeunes et les femmes, qui prenne en compte le phénomène de l'équité, de la justice sociale et de la résilience des communautés. Toutefois, il convient de noter que les problèmes de l'Éthiopie, qu'il s'agisse de désinformation, de tensions politiques ou de sous-utilisation de ses jeunes hommes et femmes, ne sont pas des questions isolées, mais plutôt des luttes globales auxquelles sont confrontées différentes sociétés à travers le monde. Notre expérience a montré que si la théorie et la pratique semblent différentes, si les jeunes femmes et les jeunes hommes ont la possibilité de se défendre et de contester les injustices, ils peuvent faire partie des soutiens solides qui peuvent conduire la nation vers une croissance stable. Nous tenons également à souligner que la paix est une question transversale qui touche tous les aspects de la société.

Nous appelons la communauté internationale à faire confiance aux organisations de jeunes comme la nôtre pour nous aider à promouvoir des programmes qui apprennent aux jeunes à analyser les problèmes de manière objective, à ouvrir des voies pour l'indépendance économique des jeunes et des femmes et à renforcer le niveau de paix à partir de la base. Les jeunes sont particulièrement bien placés pour s'engager au niveau local en apportant leur énergie et leur créativité, ainsi qu'une compréhension approfondie des défis locaux. En travaillant ensemble, nous pouvons créer une société beaucoup plus forte, unifiée et pacifique, un résultat qui peut trouver un écho dans les communautés du monde entier. 

Pour en découvrir plus sur le travail de Positive Peace Ethiopia, vous pouvez les retrouver sur:

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