
“Une Boussole pour Naviguer à travers la Tempête Géopolitique”
La société civile appelle à l'action sur l'ODD16+ : Déclaration de la société civile de Rome 2025 sur l’ODD16
Lancement de la Déclaration de la société civile de Rome 2025 sur l’ODD16
La dernière version de la Déclaration de la société civile de Rome sur l’ODD16+ est lancée aujourd’hui, le 12 mai, au siège des Nations Unies à New York. Une délégation conjointe de la Civil Society Platform for Peacebuilding and Statebuilding (CSPPS) et du TAP Network: Transparency, Accountability and Participation for the 2030 Agenda a présenté ce matin la Déclaration lors de la Conférence sur l’ODD16, coorganisée par le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (UNDESA), la Mission permanente de l’Italie et l’IDLO.
S’appuyant sur les fondements des éditions précédentes, la Déclaration de cette année revêt une importance particulière, car elle émerge dans un contexte de bouleversements mondiaux profonds. Face à un nombre sans précédent de crises qui se chevauchent, et avec seulement cinq années restantes pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2030 pour le développement durable, la CSPPS et le TAP Network ont uni leurs forces pour recueillir les contributions d’organisations de la société civile du monde entier sur la manière d’accélérer efficacement l’action sur l’ODD16+.
L’ODD16+ à la croisée des chemins : des défis au cœur des crises mondiales
Alors que le monde approche de 2030, l’écart se creuse entre les engagements mondiaux et les actions concrètes en faveur de sociétés pacifiques, justes et inclusives. Les conflits armés s’intensifient, tant en fréquence qu’en gravité, alimentés par des crises nouvelles ou prolongées qui dépassent de plus en plus les frontières. Dans ce contexte, les zones fragiles et touchées par les conflits subissent la plus forte pression, avec l’augmentation des déplacements, la prolifération des armes légères et l’effondrement des structures de gouvernance locale. Les populations civiles — en particulier les femmes, les enfants et les communautés marginalisées — sont les plus durement touchées par une violence qui ne cesse de croître, dans un contexte d’explosion mondiale des dépenses militaires.
Parallèlement, l’espace civique se détériore à un rythme alarmant. Partout dans le monde, des mesures répressives réduisent au silence les voix dissidentes et limitent l’activisme. Ce recul des libertés fondamentales devient courant, même dans des démocraties de longue date. La criminalisation et le sous-financement des organisations de la société civile affaiblissent gravement leur capacité à fournir des services essentiels, à favoriser la redevabilité et à promouvoir une gouvernance inclusive.
Ces crises politiques et sécuritaires sont aggravées par l’urgence climatique, qui accentue la rareté des ressources, les déplacements et les tensions sociales — en particulier dans les contextes fragiles. Pourtant, la réponse mondiale reste dangereusement insuffisante. Le système financier international, déjà défaillant face à l’ampleur des besoins, continue de privilégier les intérêts sécuritaires à court terme au détriment du développement à long terme, avec une aide publique au développement en baisse et des systèmes judiciaires chroniquement sous-financés. Le résultat est un monde de plus en plus instable : l’impunité progresse, la confiance civique s’effondre, et les fondements de la paix, de la justice et des sociétés inclusives sont gravement affaiblis.
Transformer les engagements en actions
Face à cette instabilité mondiale croissante, la Déclaration de la société civile de Rome 2025 sur l’ODD16+ lance un appel urgent aux gouvernements, institutions multilatérales, bailleurs de fonds et autres parties prenantes : il est impératif de réorienter de manière décisive les priorités mondiales vers la paix, la justice et l’inclusion. L’heure n’est plus aux réponses graduelles. Seules des actions audacieuses, coordonnées et systémiques permettront de s’attaquer aux causes profondes des conflits, de renforcer les institutions et de protéger les droits et la dignité de toutes les personnes.
Cet appel commence par une exigence : inverser la tendance alarmante à la militarisation. Les ressources doivent être détournées des dépenses militaires excessives et réaffectées à la consolidation de la paix et à la prévention des conflits. Les efforts communautaires, menés localement, doivent être reconnus et financés en tant que piliers des sociétés pacifiques. Aucun processus de paix ne peut réussir sans participation inclusive et redevabilité fondée sur le droit international.
Il est tout aussi urgent de réformer un système financier mondial défaillant. La communauté internationale doit garantir un financement suffisant, prévisible et accessible pour la société civile, en particulier dans les contextes fragiles. Cela suppose d’aller au-delà du financement rigide et à court terme pour investir dans des solutions flexibles et à long terme qui autonomisent les acteurs locaux. La transparence, la redevabilité et la participation civique inclusive doivent être au cœur de la mobilisation et de l’utilisation des ressources de développement.
Les libertés fondamentales et l’espace civique doivent être protégés et étendus. La société civile n’est pas un acteur périphérique — elle est une force essentielle pour la résilience démocratique, la prestation de services et la cohésion sociale. Les gouvernements doivent garantir les droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association, et résister à la banalisation des pratiques répressives. Les cadres juridiques et politiques doivent assurer une participation significative pour toutes et tous, en particulier les groupes historiquement exclus.
Enfin, l’accès à la justice doit être considéré comme une priorité fondamentale. Trop de personnes dans le monde sont encore privées d’un système judiciaire équitable, accessible et efficace. Les gouvernements et les bailleurs doivent investir dans des initiatives de justice de proximité, des mécanismes informels ou coutumiers, et des politiques centrées sur les populations qui intègrent la justice dans toutes ses dimensions — sociale, économique, environnementale, et au-delà. Le renforcement des institutions de justice internationale est également essentiel pour garantir l’obligation de rendre des comptes et faire respecter l’état de droit.
Cette Déclaration constitue une feuille de route appelant à un engagement renouvelé et soutenu. Elle souligne la pertinence cruciale de l’ODD16+ dans le contexte actuel, et doit servir de boussole — à la fois pour naviguer dans les crises en cours et pour guider la construction à long terme d’un monde plus pacifique, juste et inclusif.
Pour soutenir la Déclaration de la société civile de Rome 2025 sur l’ODD16+, cliquez sur ce lien : https://bit.ly/Endorse2025Declaration
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