Officialiser l'informel : les prestataires de sécurité étatiques et non-étatiques dans la ville de Tais sous contrôle gouvernemental
Maged Sultan, membre associé du Yemen Polling Center (YPC), une organisation indépendante fournissant des services de recherche en sciences sociales et président de l'organisation Jeunesse Sans Frontières Pour le Développement, partenaire du CSPPS, est l'un des auteurs du rapport officiel du YPC. La Formalisation de l'Informel fait partie d'un projet et d'une série publiés dans le cadre de Reconstruire la Paix et la Sécurité. Le projet part du principe que la sécurité au Yémen est à la fois assurée et fragilisée par le grand nombre d’acteurs impliqués. Les mesures visant à répondre aux préoccupations en matière de sécurité ne pouvant être normalisées, elles devraient plutôt être adaptées aux nombreux défis locaux et régionaux.
Principales conclusions de La Formalisation de l'Informel:
- Au début du conflit de 2015 au Yémen entre le gouvernement reconnu par la communauté internationale et Ansarallah (Houthis), les institutions et les structures étatiques se sont effondrées dans le sud-ouest de la ville de Taiz. Bien qu'une grande partie de l'ancienne direction de la police ait été maintenue, les bases de l’institution ont dû être rebâties après un retour relatif à la stabilité.
- Les acteurs non-étatiques, en particulier les cheikhs et les aqils, ont élargi leur rôle de prestataires de services de sécurité. Après l'effondrement des structures étatiqurs, la place de l’arbitraire au sein de l’offre sécuritaire n’a fait qu’augmenter. Aujourd'hui, les différentes instances sécuritaires se chevauchent , sans hiérarchie définie.
- Certains acteurs informels sont devenus des menaces pour la sécurité. Si ces acteurs servent de médiateurs dans les conflits et gèrent la sécurité publique, certains d'entre eux sont en même temps impliqués dans des affrontements armés et des activités criminelles.
- Au cours de l'année 2017, les institutions légales ont progressivement repris leur fonctionnement dans le sud-ouest de la ville de Taiz par le biais du gouvernement reconnu par la communauté internationale. Interrogés en 2017 au sujet du premier acteur à intervenir en cas d’incident, 37 % des personnes résidant dans les zones contrôlées par la résistance ont répondu la police ou les autorités locales.
- Bien que la confiance en la police ait augmenté entre 2017 et 2019, les habitants de Taiz se disent déçus de la performance de la police, selon une enquête de 2019 enregistrant une augmentation de 40% du nombre d’ interrogés ayant déclaré que la police n'était pas active dans leur quartier.
- La coopération entre acteurs officiels et informels se caractérise d'une part par les efforts de l'Etat pour reprendre le contrôle de tous les services de sécurité et rétablir un ordre de commandement, mais d'autre part, par la volonté de nombreux acteurs de s’allier en fonction de leur loyauté politique.
- La police de Taiz manque de formation, d'uniformes et d'équipement de base, notamment de véhicules, d'ordinateurs, de téléphones, d'armes et de blindés.
- Les acteurs informels, les cheikhs et les aqils, manquent de connaissances vis-à-vis des processus administratifs de base, d'où une situation qui entrave la coordination avec les institutions étatiques et encourage la coopération sur fond de loyauté politique ou personnelle.
Lisez le rapport complet Formaliser l'Informel ici (En anglais seulement).